La véritable histoire du Sahaj Marg

mardi 18 septembre 2007

Le temps des divisions

(Dernière actualisation le 3 septembre 2009)

Babuji et Chari multiplient leurs voyages en Occident. Le Sahaj Marg se répand dans le monde entier. Il comptait une quarantaine d'adeptes en 1965, mais atteint plus de 3 000 en 1983. Tandis que K.C. Varadachari alerte Babuji sur les risques de dérives de l'enseignement dés 1970. Mais Babuji vieillit, il a 75 ans en 1974...

1. Le combat des chefs (1974-84)

Les dix dernières années de la vie de Babuji sont particulièrement troubles. A-t-il commencé par nommer Chari pour mieux le désavouer ensuite au profit de l'un de ses fils ? On ne le saura sans doute jamais et on retrouve là le Babuji des débuts, mystérieux et paranoïaque, voyant des complots partout contre sa personne. Toutes les conditions sont donc réunies pour créer la confusion et nombreux sont ceux qui vont en profiter.

L'attrait du pouvoir séduit les ambitieux. Chacun tente de tirer la couverture à soi. Des clans apparaissent, les alliances se forment et se déforment. A partir d'ici, le conditionnel est donc de rigueur : ainsi dès 1973, Kum. Kasturi Chaturvedi, Raghavendra Rao et Chari auraient demandé ensemble à Babuji de diviser son pouvoir entre leurs trois personnes : Kasturi au nord, Rao au sud et Chari à l'extérieur de l'Inde. Et Babuji refuse.

Certains prétendent ensuite que Chari aurait pu être nommé président de la Shri Ram Chandra Mission en 1974. D'autres affirment au contraire qu'il aurait été destitué de toutes ses fonctions vers 1980 et que Babuji aurait nommé son propre fils, Umesh Chandra Saxena, pour lui succéder. Tandis qu'en Europe, André Poray et Chari jouent au chat et à la souris...

On est alors très éloigné de toute spiritualité. Cette période sombre dure une dizaine d'années et se passe dans un climat de suspicion, d'hostilité et de diffamations en tous genres. Les uns et les autres s'épient, tentent de se positionner au mieux et s'accusent mutuellement de tentatives d'empoisonnement et de meurtres, rien que ça !

2. Le triomphe de Chari (1984-97)
Babuji finit par s'éteindre en avril 1983, une mort suspecte selon certains. Umesh Chandra Saxena fait valoir ses droits en dépit de l'opposition de Kasturi, Narayana et Chari évidemment. Il devient président de la SRCM de Shahjahanpur, mais laisse le pouvoir transitoirement au Docteur S.P. Srivastava, dans le but de calmer les esprits. Celui-ci préside un comité de travail qui publiera la deuxième partie du journal de Babuji.
De son côté, Chari fait sécession, s'installe à Chennai (Madras) et voyage énormément à l'étranger. Ce fumeur de cigarettes américaines très occidentalisé semble laisser une large autonomie à Kasturi et Rao qui s'en accomodent, comme s'il reprenait leur proposition initiale : à lui les occidentaux, à Kasturi le nord et à Rao le sud. Si l'on en croit les chiffres avancés par les uns et les autres, l'expansion est vertigineuse : 20 000 adeptes en 1991, 50 000 en 1995...
K.C. Narayana, fils du Docteur K.C. Varadachari commence par collaborer étroitement avec Chari. Il reprend même un temps la tête du SMRI créé par son père. Mais en 1991, parce que Chari exploiterait largement le culte de la personnalité, il rompt toutes relations et crée l'Institute of Sri Ramchandra Consciousness (ISRC). André Poray, quant à lui, semble avoir jeté l'éponge.
Il n'existe donc pas une, ni deux, mais trois missions qui se réclament de l'héritage spirituel de Babuji : la Mission d'Umesh Chandra à Shahjahanpur, la SRCM californienne de Chari et l'ISRC de K.C. Narayana. Sans parler des disciples de Babuji qui sont restés relativement autonomes dans leurs régions respectives, tels Kasturi à Lucknow ou Raghavendra Rao à Raichur.
3. Le retour des charognards (1997-2007)

Grâce aux fonds occidentaux, Chari inaugure le dispendieux et tapageur Babuji Memorial Ashram en 1999, mais sa stratégie de conquête s'essouffle et il rentre en Inde auréolé de son succès. Les frictions apparaissent lorsqu'il tente de reprendre les ashrams indiens restés autonomes.

En 1997, Umesh Chandra Saxena, fils de Babuji, estime le patrimoine de la Mission à un milliard de roupies indiennes (près de 200 millions d'euros), avec 700 centres et 70 ashrams tandis que Chari annonce 55 000 adeptes. En 2003, il dit avoir multiplié par 3 le nombre d'abhyasis indiens en 3 ans. Aujourd'hui, on balance entre 200 et 300 000 adeptes, car on n'est plus à 100 000 près. De quoi attirer les convoitises !

Chari vieillit et il en est bien conscient. Le 29 avril 2005, il nomme Ajay Kumar Bhatter pour lui succéder. Mais l'histoire est un éternel recommencement. Chari a fêté ses 80 ans en 2007, il est malade et fatigué. La Mission a considérablement grandi, elle s'est enrichie. Comment résister à la convoitise que provoque immanquablement ce petit empire ? Les appétits sont insatiables, il y a un tel potentiel de puissance et d'argent à portée de mains.
L'histoire se reproduit. Le petit-fils de Lalaji sort de l'ombre, des partisans de Kasturi la poussent en avant et le petit-fils de Babuji contre attaque. Sans oublier un partisan du défunt Raghavendra Rao... Parallèlement, les opportunistes lieutenants de Chari attendent leur heure : Ajay le successeur désigné, Krishna le richissime héritier, Khanjee l'éminence grise ou bien encore Durai l'homme de mains. Ils sont tous là, qui donc vaincra ?
Le combat est déjà engagé. Les vieilles accusations d'empoisonnement ressortent. De nouvelles font leur apparition. Tentatives d'intimidation, de meurtres et d'empoisonnement, et même depédophilie et d'inceste. Ambiance de fin de règne… ou début d'une ère nouvelle ?