Babuji et Chari multiplient leurs voyages en Occident. Le Sahaj Marg se répand dans le monde entier. Il comptait une quarantaine d'adeptes en 1965, mais atteint plus de 3 000 en 1983. Tandis que K.C. Varadachari alerte Babuji sur les risques de dérives de l'enseignement dés 1970. Mais Babuji vieillit, il a 75 ans en 1974...
1. Le combat des chefs (1974-84)
Les dix dernières années de la vie de Babuji sont particulièrement troubles. A-t-il commencé par nommer Chari pour mieux le désavouer ensuite au profit de l'un de ses fils ? On ne le saura sans doute jamais et on retrouve là le Babuji des débuts, mystérieux et paranoïaque, voyant des complots partout contre sa personne. Toutes les conditions sont donc réunies pour créer la confusion et nombreux sont ceux qui vont en profiter.
L'attrait du pouvoir séduit les ambitieux. Chacun tente de tirer la couverture à soi. Des clans apparaissent, les alliances se forment et se déforment. A partir d'ici, le conditionnel est donc de rigueur : ainsi dès 1973, Kum. Kasturi Chaturvedi, Raghavendra Rao et Chari auraient demandé ensemble à Babuji de diviser son pouvoir entre leurs trois personnes : Kasturi au nord, Rao au sud et Chari à l'extérieur de l'Inde. Et Babuji refuse.
Certains prétendent ensuite que Chari aurait pu être nommé président de la Shri Ram Chandra Mission en 1974. D'autres affirment au contraire qu'il aurait été destitué de toutes ses fonctions vers 1980 et que Babuji aurait nommé son propre fils, Umesh Chandra Saxena, pour lui succéder. Tandis qu'en Europe, André Poray et Chari jouent au chat et à la souris...
On est alors très éloigné de toute spiritualité. Cette période sombre dure une dizaine d'années et se passe dans un climat de suspicion, d'hostilité et de diffamations en tous genres. Les uns et les autres s'épient, tentent de se positionner au mieux et s'accusent mutuellement de tentatives d'empoisonnement et de meurtres, rien que ça !
Grâce aux fonds occidentaux, Chari inaugure le dispendieux et tapageur Babuji Memorial Ashram en 1999, mais sa stratégie de conquête s'essouffle et il rentre en Inde auréolé de son succès. Les frictions apparaissent lorsqu'il tente de reprendre les ashrams indiens restés autonomes.
En 1997, Umesh Chandra Saxena, fils de Babuji, estime le patrimoine de la Mission à un milliard de roupies indiennes (près de 200 millions d'euros), avec 700 centres et 70 ashrams tandis que Chari annonce 55 000 adeptes. En 2003, il dit avoir multiplié par 3 le nombre d'abhyasis indiens en 3 ans. Aujourd'hui, on balance entre 200 et 300 000 adeptes, car on n'est plus à 100 000 près. De quoi attirer les convoitises !
Chari vieillit et il en est bien conscient. Le 29 avril 2005, il nomme Ajay Kumar Bhatter pour lui succéder. Mais l'histoire est un éternel recommencement. Chari a fêté ses 80 ans en 2007, il est malade et fatigué. La Mission a considérablement grandi, elle s'est enrichie. Comment résister à la convoitise que provoque immanquablement ce petit empire ? Les appétits sont insatiables, il y a un tel potentiel de puissance et d'argent à portée de mains.