Projet Sahaj Marg (Histoire)

La véritable histoire du Sahaj Marg

mardi 18 septembre 2007

La véritable histoire du Sahaj Marg

(Dernière actualisation le 3 septembre 2009)


Lalaji n'a jamais créé le Sahaj Marg, sauf dans les rêves de Babuji. A l'inverse, Lalaji a confié le soin de répandre son propre enseignement, hérité du Soufisme et de Sant-Mat, à de nombreuses personnalités spirituelles (en savoir plus...).

Babuji a dissimulé les fondements soufis du Sahaj Marg ainsi que le rôle déterminant qu'il fait jouer à Swami Vivekananda dans la création de la Shri Ram Chandra Mission. Ceci dans le but d'afficher l'innovation majeure que représente le Sahaj Marg, soi-disant unique et inégalé, dans le monde de la spiritualité. Tandis que le Docteur K.C. Varadachari l'assimile à du Raja-Yoga, ni plus ni moins, et alerte Babuji sur les premières dérives observées (en savoir plus...).

Chari n'a pas simplement succédé à Babuji. Les affrontements ont commencé au moins 10 ans avant sa mort. Celle-ci déclenche d'ailleurs une scission d'où émergent 2 Shri Ram Chandra Mission : celle de Shahjahanpur et la SRCM® californienne. Sans parler des nombreuses personnalités issues du mouvement qui acquièrent une redoutable indépendance. Et, malgré l'incontestable succés quantitatif de Chari, l'affrontement perdure aujourd'hui (en savoir plus...).

L'age avancé de Chari (80 ans en juillet 2007) accélère peut-être le retour des charognards attirés par le pactole humain et financier que représente aujourd'hui ce mouvement...


Une rapide analyse de ces mouvements, tous issus de Lalaji, met en évidence les convergences, divergences et évolutions qui existent. Mais de quoi s'agit-il donc ? De différences spirituelles ou bien d'une quête effrénée vers le pouvoir, avec pour seul enjeu le développement du culte de la personnalité (en savoir plus...).

Aux sources de la légende

(Dernière actualisation le 3 septembre 2009)
La légende officiellement en vigueur à la SRCM® affirme que le Sahaj Marg est une création due aux découvertes spirituelles ex-nihilo de Lalaji qui l'a transmise à son seul successeur légitime Babuji. Les recherches historiques commencent à raconter une toute autre histoire.

Lalaji fut avant tout le disciple d'un maître soufi, mais peut-être a-t-il aussi puisé un peu de son inspiration auprès de maîtres hindouistes de Santmat. Il n'a probablement pas suivi les enseignements d'un maître unique, de même il a eu de nombreux disciples et en a chargé plusieurs de répandre son enseignement.

1. L'ordre soufi de la Naqshbandiyya
L'ordre soufi de la Naqshbandiyya pénètre en Inde au XVIème siècle, après d'autres confréries comme la Chishtiyya, la Suhrawardiyya et la Qâdiriyya. En 1526, Baber, descendant de Gengis Khan, fonde la dynastie des Grands Moghols. Sur ses traces, Baqi Billah (décédé vers 1598), 24ème maître de la lignée s'établit à Delhi. Son successeur Shaykh Ahmad Farouqi Sirhindi est le créateur d'une nouvelle ramification soufie, la Naqshbandiyya Mujaddidiyya. Les Moghols règnent en maîtres absolus en Inde, l'enseignement soufi est très strict. Le XVIème siècle marque l'apogée puis le déclin des Moghols.
Les Marathes, indiens de l'ouest vers le Maharashtra, en profitent pour créer un royaume hindou dès 1674. Ils deviennent les maîtres de l'Inde au début du siècle suivant. Dans ce contexte, Mirza Mazhar "Zanzana" (1701-1781), disciple du 28ème maître de la lignée soufie, crée une nouvelle ramification de l'ordre, la Mazahariyya, tentative de syncrétisme entre les 4 confréries soufies indiennes et certains enseignements traditionnels hindouistes. L'ordre soufi issu de Mirza Mazhar s'implante durablement dans l'Uttar Pradesh, région nord de l'Inde.

2. Le couple Hujur-Lalaji
Après les Moghols et les Marathes, l'Inde passe sous domination britannique. La résistance contre l'envahisseur s'organise au sein des communautés malgré les appels à l'unité du peuple indien par Gandhi. La fin du XIXème siècle est marquée par le repli communautaire, notamment dans l'Uttar Pradesh d'où émergeront le Congrès national indien en 1885 et les germes de la Ligue musulmane (1906) jusqu'à la partition de 1947.

Dans ce contexte de tension inter-religieuses, d'après Thomas Dähnhardt, Maulana Shah Fazl Ahmad Khan (Hujur ou Huzur Maharaj) et son disciple Ramchandra Lalaji tentent une nouvelle synthèse des enseignements hindouistes et soufis, totalement à contre courant de l'histoire immédiate dominée par les replis communautaires . Lalaji devient le 1er maître hindou de cet ordre soufi, sans avoir à se convertir à l'Islam.
L'image est très forte, mais elle masque un travail beaucoup plus important du couple Hujur-Lalaji sur leur enseignement spirituel. Ils n'ont pas seulement débordé les barrières religieuses comme l'avait fait Mirza Mazhar, mais ils ont intentionnellement mis en évidence les équivalences entre les spiritualités soufie et hindoue pour abolir les frontières inter-religieuses.

3. Une multitude de successeurs légitimes
On l'a vu précédemment, le soufisme est constitué d'ordres, de branches et autres ramifications. Il en va de même dans les traditions indiennes où les guru, sant, pîr et autres grandes personnalités spirituelles ont de nombreux successeurs légitimes qui ont eux-mêmes plusieurs maîtres.

C’est aussi ce qu’aurait fait Lalaji, en tant que disciple, en commençant par le soufisme et en continuant avec la pratique du Sant Mat et de Radhasoami. Et d'après NaqshMuMRa Nexus, il aurait eu 212 disciples qu'il a tous chargés de répandre son enseignement appelé "Naveen Sadhana" dans leurs régions respectives, tout en les invitant à suivre aussi d'autres maîtres.
La liste des mouvements qui en sont issus est assez longue (NaqshMuMra Nexus en liste 8), en voici quelques uns parmi les plus connus :
- NaqshMuMRa, contraction de Naqshbandiyya Mujaddidiyya Mazhariyya Ramchandriyya, nouvelle ramification de l'ordre soufi, issue de Lalaji et conduite par ses descendants directs.
- Ramashram Satsang, une nébuleuse de groupes géographiques, avec des maîtres locaux hindouistes.
- Akhil Bhartiya Santmat Satsang (ABSS), fondé en 1969 à Anangpur (District de Faridabad dans l'Haryana) par le disciple d'un neveu de Lalaji.
- Le Golden Sufi Center (Californie), variante de l'ordre soufi passant par un autre neveu de Lalaji

D'autres personnalités illustres s'en recommandent aussi, telles Thakur Ram Singhji ou le Docteur Chandra Gupta. Il faut aussi citer le mouvement Saral Hari Marg du Dr. Harnarayan Saxena (1908-2003), se revendiquant de l'héritage de Lalaji, qui a fait une brève apparition sur le web avant d'en disparaître.

Reste enfin le courant directement issu de Lalaji qui a été créé le plus tardivement, à savoir le Sahaj Marg de Ram Chandra Babuji, en 1945. Mais cela est une autre histoire !

Le mythe fondateur

(Dernière actualisation le 3 septembre 2009)
Shri Ram Chandra de Shahjahanpur (1899-1983), surnommé plus tard Babuji, rencontre Lalaji pour la première fois le 3 juin 1922. Il le croisera 3 fois en tout et pour tout, car ses parents voient d'un mauvais œil son intérêt pour Lalaji, le disciple d'un soufi musulman. Ils redoutent une possible conversion à l'Islam.

1. Hésitations et tergiversations (1931-44)

Dés le lendemain de la mort de Lalaji en 1931, une inter-communication commence entre Babuji et lui. Officiellement, c'est le début de la fusion entre les deux personnalités. Babuji n'est pourtant même pas précepteur...

Suit une longue période de silence et d'inaction qui va durer 13 ans. Le journal de Babuji s'interrompt et il ne fait pas parler de lui. durant cette période, il aurait fréquenté les Ramashram Satsang du Docteur Chaturbhuj à Etah et de Shri Krishna Lal à Sikandarabad, semble-t-il. Il rêve aussi qu'il se rend à Kanpur, siège de la famille de Raghubal Dayal, frère de Lalaji.

Les explications sur ce silence viendront plus tard. Babuji aurait été entouré de concurrents et d'ennemis. Ceux-ci auraient même été jusqu'à tenter de l'empoisonner et de l'assassiner... Délire paranoïaque ?


2. Babuji, fondateur du mythe (1944-47)

Soudain en avril 1944, Babuji prie son maître durant plusieurs jours pour qu'il lui montre la lumière. Et le 22 mai, dans une nouvelle inter-communication, Lalaji lui annonce que ses ennemis ont été vaincus. Le 30 mai, il lui ordonne de commencer sa carrière spirituelle : "Start the organization. Begin attracting people to yourself."

L'oeuvre de Babuji, à savoir l'enseignement du Sahaj Marg comme l'organisation Shri Ram Chandra Mission, va reposer ainsi sur ses rêves, qu'il nous présente comme des inter-communications avec différentes personnalités décédées depuis longtemps (Lalaji, Swami Vivekananda, Lord Krishna, Bouddha lui-même, etc.).
Ainsi, Lalaji ordonne à Babuji de démarrer son enseignement spirituel en 1944, et il fixe le centre de ses activités à Shahjahanpur. C'est seulement le 13 juin 1945 que Lalaji prononce le terme "Sahaj Marga", traduit en anglais sous la forme de "easy way", la voie facile. Plus tard, la traduction officielle évoluera vers "la voie naturelle". Il ne lui dictera même les paroles de la prière qu'en janvier 1946...

La plupart des messages de Lalaji concernent l'enseignement spirituel, et ils sont souvent associés à des visions des maîtres soufis, tels Hujur Maharaj ou Baqi Billah. Mais bientôt c'est Swami Vivekananda qui prend le relais.
Dès le mois de mai 45, on oublie les soufis. Vivekananda lui donne des instructions pour faire enregistrer une société dénommée "Shri Ram Chandra Mission, Shahjahanpur (Uttar Pradesh)" et lui décrit son emblème. Il lui annonce qu'il sera à la tête d'une nouvelle religion qui surpassera toutes les autres et s'imposera partout. Babuji en sera le président vivant, mais à travers lui c'est Vivekananda qui exercera le pouvoir réel.

Le 21 juillet 1945, la SRCM est donc enfin officiellement constituée à Shahjahanpur et enregistrée à Bareilly (Uttar Pradesh). Babuji écrit son premier livre "Commentary on Ten Commandments of Sahaj Marg", ceux-ci lui ayant été dictés par Lalaji.
On n'entendra bientôt plus jamais parler du rôle majeur que Babuji a attribué aux maîtres soufis et à Swami Vivekananda dans la création de son oeuvre spirituelle. Officiellement, seul restera Lalaji...


3. La diffusion, depuis Shahjahanpur jusqu'à New York (1947-74)

La diffusion s'effectue en trois étapes, d'abord dans l'Uttar Pradesh par le bouche à oreille à la fin des années 40, ensuite dans le reste de l'Inde grâce aux réputations réunies de son livre et du Docteur K.C. Varadachari dans les années 50, puis enfin dans le reste du monde dés la fin des années 60, mais surtout à partir des années 70, sans plus jamais s'arrêter.

Durant la période 1948-49, diverses notabilités de l'Uttar Pradesh se rapprochent de Babuji, telles S.P. Srivastava, professeur de philosophie ou M.L. Chaturvedi, juge à la Haute cour de justice d'Allahabad ou bien encore Kum. Kasturi Chaturvedi.

En 1955, Babuji sort son célèbre livre "La réalité à l'aube", sa notoriété déborde l'Uttar Pradesh. Des hommes du sud le rejoignent, comme le Docteur K.C. Varadachari ou Raghavendra Rao du Karnataka. K.C. Narayana, fils de Varadachari, le rejoint aussi en 1956. La rencontre entre Babuji et le Docteur K.C. Varadachari, professeur de philosophie à Tirupati, se transforme en une profonde amitié. En 1963, K.C. Varadachari obtient la célèbre Chaire de Vivekananda à l'Université de Madras. En 1965, il crée le Sahaj Marg Research Institute, où il répand l'idée que le Sahaj Marg n'est ni plus ni moins que du Raja Yoga. Puis arrive Parthasarathi Rajagopalachari dit Chari en 1964…

Lakshmi Narasimhan marque le début de l'internationalisation du Sahaj Marg. Il part l'enseigner à Copenhague en 1968-69. K.C. Narayana entreprend une tournée aux USA en 1971. Entre temps, Chari a été nommé Secrétaire général de la Mission en 1970, et il entraîne Babuji pour leur premier voyage commun en Occident en 1972.

Le temps des divisions

(Dernière actualisation le 3 septembre 2009)

Babuji et Chari multiplient leurs voyages en Occident. Le Sahaj Marg se répand dans le monde entier. Il comptait une quarantaine d'adeptes en 1965, mais atteint plus de 3 000 en 1983. Tandis que K.C. Varadachari alerte Babuji sur les risques de dérives de l'enseignement dés 1970. Mais Babuji vieillit, il a 75 ans en 1974...

1. Le combat des chefs (1974-84)

Les dix dernières années de la vie de Babuji sont particulièrement troubles. A-t-il commencé par nommer Chari pour mieux le désavouer ensuite au profit de l'un de ses fils ? On ne le saura sans doute jamais et on retrouve là le Babuji des débuts, mystérieux et paranoïaque, voyant des complots partout contre sa personne. Toutes les conditions sont donc réunies pour créer la confusion et nombreux sont ceux qui vont en profiter.

L'attrait du pouvoir séduit les ambitieux. Chacun tente de tirer la couverture à soi. Des clans apparaissent, les alliances se forment et se déforment. A partir d'ici, le conditionnel est donc de rigueur : ainsi dès 1973, Kum. Kasturi Chaturvedi, Raghavendra Rao et Chari auraient demandé ensemble à Babuji de diviser son pouvoir entre leurs trois personnes : Kasturi au nord, Rao au sud et Chari à l'extérieur de l'Inde. Et Babuji refuse.

Certains prétendent ensuite que Chari aurait pu être nommé président de la Shri Ram Chandra Mission en 1974. D'autres affirment au contraire qu'il aurait été destitué de toutes ses fonctions vers 1980 et que Babuji aurait nommé son propre fils, Umesh Chandra Saxena, pour lui succéder. Tandis qu'en Europe, André Poray et Chari jouent au chat et à la souris...

On est alors très éloigné de toute spiritualité. Cette période sombre dure une dizaine d'années et se passe dans un climat de suspicion, d'hostilité et de diffamations en tous genres. Les uns et les autres s'épient, tentent de se positionner au mieux et s'accusent mutuellement de tentatives d'empoisonnement et de meurtres, rien que ça !

2. Le triomphe de Chari (1984-97)
Babuji finit par s'éteindre en avril 1983, une mort suspecte selon certains. Umesh Chandra Saxena fait valoir ses droits en dépit de l'opposition de Kasturi, Narayana et Chari évidemment. Il devient président de la SRCM de Shahjahanpur, mais laisse le pouvoir transitoirement au Docteur S.P. Srivastava, dans le but de calmer les esprits. Celui-ci préside un comité de travail qui publiera la deuxième partie du journal de Babuji.
De son côté, Chari fait sécession, s'installe à Chennai (Madras) et voyage énormément à l'étranger. Ce fumeur de cigarettes américaines très occidentalisé semble laisser une large autonomie à Kasturi et Rao qui s'en accomodent, comme s'il reprenait leur proposition initiale : à lui les occidentaux, à Kasturi le nord et à Rao le sud. Si l'on en croit les chiffres avancés par les uns et les autres, l'expansion est vertigineuse : 20 000 adeptes en 1991, 50 000 en 1995...
K.C. Narayana, fils du Docteur K.C. Varadachari commence par collaborer étroitement avec Chari. Il reprend même un temps la tête du SMRI créé par son père. Mais en 1991, parce que Chari exploiterait largement le culte de la personnalité, il rompt toutes relations et crée l'Institute of Sri Ramchandra Consciousness (ISRC). André Poray, quant à lui, semble avoir jeté l'éponge.
Il n'existe donc pas une, ni deux, mais trois missions qui se réclament de l'héritage spirituel de Babuji : la Mission d'Umesh Chandra à Shahjahanpur, la SRCM californienne de Chari et l'ISRC de K.C. Narayana. Sans parler des disciples de Babuji qui sont restés relativement autonomes dans leurs régions respectives, tels Kasturi à Lucknow ou Raghavendra Rao à Raichur.
3. Le retour des charognards (1997-2007)

Grâce aux fonds occidentaux, Chari inaugure le dispendieux et tapageur Babuji Memorial Ashram en 1999, mais sa stratégie de conquête s'essouffle et il rentre en Inde auréolé de son succès. Les frictions apparaissent lorsqu'il tente de reprendre les ashrams indiens restés autonomes.

En 1997, Umesh Chandra Saxena, fils de Babuji, estime le patrimoine de la Mission à un milliard de roupies indiennes (près de 200 millions d'euros), avec 700 centres et 70 ashrams tandis que Chari annonce 55 000 adeptes. En 2003, il dit avoir multiplié par 3 le nombre d'abhyasis indiens en 3 ans. Aujourd'hui, on balance entre 200 et 300 000 adeptes, car on n'est plus à 100 000 près. De quoi attirer les convoitises !

Chari vieillit et il en est bien conscient. Le 29 avril 2005, il nomme Ajay Kumar Bhatter pour lui succéder. Mais l'histoire est un éternel recommencement. Chari a fêté ses 80 ans en 2007, il est malade et fatigué. La Mission a considérablement grandi, elle s'est enrichie. Comment résister à la convoitise que provoque immanquablement ce petit empire ? Les appétits sont insatiables, il y a un tel potentiel de puissance et d'argent à portée de mains.
L'histoire se reproduit. Le petit-fils de Lalaji sort de l'ombre, des partisans de Kasturi la poussent en avant et le petit-fils de Babuji contre attaque. Sans oublier un partisan du défunt Raghavendra Rao... Parallèlement, les opportunistes lieutenants de Chari attendent leur heure : Ajay le successeur désigné, Krishna le richissime héritier, Khanjee l'éminence grise ou bien encore Durai l'homme de mains. Ils sont tous là, qui donc vaincra ?
Le combat est déjà engagé. Les vieilles accusations d'empoisonnement ressortent. De nouvelles font leur apparition. Tentatives d'intimidation, de meurtres et d'empoisonnement, et même depédophilie et d'inceste. Ambiance de fin de règne… ou début d'une ère nouvelle ?

Essai d'analyse des évolutions

(Dernière actualisation le 3 septembre 2009)

Regardons maintenant les convergences et les divergences entre tous ces mouvements. L'enseignement spirituel y évolue de manière incroyable, à tel point qu'on se demande comment ils peuvent tous être issus du même moule.

1. Le syncrétisme spirituel (1857-1945)

D'après Thomas Dähnhardt, Hujur le soufi et Lalaji l'hindou ont volontairement mis en place un enseignement spirituel syncrétique pour abolir les frontières entre religions. Les 11 principes de la Naqshbandiyya prônaient déjà la méditation silencieuse du cœur et le souvenir constant de la présence divine. Le maître déverse l'énergie divine dans le cœur de son disciple en le libérant de ses pensées impures. La responsabilité principale de l'évolution spirituelle de l'aspirant repose dans les mains de son maître, à condition qu'il entre en contact quotidien avec son gourou par le biais de la méditation. Ce travail avait déjà été réalisé par Kabir jetant les bases de Santmat au XVème siècle, mais aussi bien avant lui par d'autres illustres inconnus, le soufisme puisant ses racines dans l'hindouisme, et inversement.

Leurs successeurs ont poursuivi dans cette voie en dissociant pratique et théorie spirituelles. La pratique est restée quasi identique, tandis que la théorie est restée islamique avec les tenants de l'ordre soufi (NaqshMuMra, Golden Sufi Center, etc.) alors qu'elle a été ré-hindouisée par d'autres (le courant "Ramashram", ABSS, etc.). Les termes en arabe ou en persan ont été remplacés par leurs équivalents en sanskrit ou en hindi. Les références au Coran et à Mahomet ont été remplacées par les Upanishads et Lord Krishna.

Il n'en demeure pas moins qu'aucun groupe ne nie les apports historiques respectifs aux deux religions et tous parlent des différents maîtres qui en sont aux origines. Aucun groupe sauf le Sahaj Marg de Babuji…

2. Les spécificités du Sahaj Marg (1945-70)

Premier point : peu à peu, Babuji renie les origines du Sahaj Marg. Il commence par rêver de Lalaji et de ses multiples prédécesseurs soufis, puis il les oublie pour se tourner vers Vivekananda. Bientôt, il l'oubliera à son tour, reprendra Lalaji, mais sans les soufis, puis assimilera le Sahaj Marg au Raja yoga. En matière d'exclusivité, on fait mieux que le Sahaj Marg.

Autres différences quant à l'enseignement : la responsabilité du gourou, l'absence d'effort conscient du disciple en dehors de la pratique de la méditation. Cela, c'était avec ses prédécesseurs. Pour Babuji, le rôle conscient du disciple se renforce, celui de l'enseignant diminue. Chari poussera cela encore beaucoup plus loin…

Dernier point et non des moindres : Babuji invente l'exclusivité. Il est le seul et unique héritier de Lalaji. Ses disciples doivent s'attacher à un maître unique, c'est-à-dire lui-même. De son vivant, Lalaji a eu plusieurs maîtres et il a encouragé ses disciples à en côtoyer plusieurs. Face à l'ouverture d'esprit de Lalaji, Babuji crée ainsi la doctrine et jette (sans le savoir ?) les bases du culte de la personnalité qui va proliférer par la suite.

L'intégralité de la passation de pouvoir entre Lalaji et Babuji repose uniquement sur les rêves de Babuji. L'accepter, c'est croire au seul récit de Babuji, c'est adhérer au principe de ses innombrables inter-communications avec un mort, en dépit de tous les faits qui nous sont rapportés. C'est aussi découvrir le côté paranoïaque de Babuji qui voit des ennemis partout, autant à la création de la SRCM que juste avant sa mort…


3. Les évolutions actuelles de l'enseignement (1970-2007)

En 1970 déjà, le Docteur K.C. Varadachari alerte Babuji sur les risques de dérives de l'enseignement du Sahaj Marg. Il s'émeut du matérialisme qui grignote la SRCM au détriment de la spiritualité et dénonce des évolutions sensibles dans l'enseignement du Sahaj Marg par les précepteurs… Mais il meurt peu après et personne ne reprendra son combat. Tous semblent parfaitement s'accommoder de la baisse de qualité de l'enseignement et de la montée du matérialisme, son fils Narayana compris…

On est déjà loin du Sahaj Marg initial, méthode réputée à l'usage individuel des chercheurs spirituels. Il se pare d'un objectif à portée universelle : faire basculer le monde vers la spiritualité. Et cela ne pourra avoir lieu avant que le nombre d'adeptes n'atteigne un certain seuil obligé. C'est le début du prosélytisme.

S'ensuit alors une querelle de succession comme on n'en fait plus, qui se cristallise avec le décès de Babuji. Pour la SRCM de Shahjahanpur, emmenée par S.P. Srivastava, Umesh Chandra Saxena puis Navneet Kumar Saxena, Babuji ne sera jamais remplacé, il ne peut y avoir de maître vivant et la SRCM doit rester à Shahjahanpur, dirigée par ses descendants, tout comme Lalaji en son temps avait privilégié la lignée familiale à la lignée spirituelle soufie de Hujur Maharaj.

Pour K.C. Narayana, Chari a été nommé président mais pas représentant spirituel. Il quitte la Mission en 1990, quand Chari commence à se présenter comme le "Maître vivant" et réclame amour et dévotion de la part de ses diciples. Pour lui, Babuji est le seul et unique maître, éternellement vivant. Pour la SRCM®, Chari est le président, le représentant spirituel, et il va aussi devenir progressivement le maître vivant, seul successeur de Babuji.

Président, représentant spirituel et maître vivant. On peut considérer que les différents courants actuels issus du Sahaj Marg se différencient sur ces aspects spirituels. Mais on peut aussi adopter une toute autre vision, beaucoup plus matérielle et humaine. L'attrait du pouvoir flatte les égos surdimensionnés de ces petits chefs. Il est difficile de ne pas succomber à la tentation de se voir adulé par des foules…

De tous les successeurs de Babuji, Chari est indéniablement celui qui a le mieux réussi. Reprenant à son compte l'objectif prosélyte de Babuji, il a le génie de réussir à instrumentaliser le culte de la personnalité déjà sous-jacent en réclamant amour et dévotion sans provoquer l'éclatement du mouvement. Peu à peu, il modifie subtilement la prépondérance des différents outils et en crée de nouveaux. Il relègue ainsi les dix commandements au rang de maximes, entretient soigneusement l'ambiguïté entre maître et divin, développe le souvenir constant…

La qualité de l'enseignement est délaissée au profit d'un simple vernis. Les précepteurs subissent la pression du patron pour multiplier les nouvelles recrues. Le prosélytisme triomphe enfin vraiment !


Pour approfondir

(Dernière actualisation le 4 septembre 2009)


La véritable histoire du Sahaj Marg :

Témoignages :

  • Après des années d'adhésion inconditionnelle, Madeleine est devenue précepteur du Sahaj Marg. Mais elle commence à douter de la qualité de cet enseignement, gangréné par l'expansion matérielle, surtout après le centenaire de la naissance de Babuji en 1999. Elle nous livre ici le résultat de ses recherches historiques sur le soufisme, Lalaji et Babuji (en savoir plus...)


  • Michael témoigne de son passage à la SRCM de 1979 à 88, où il a cotoyé Chari avant et après la mort de Babuji, croisé André Poray, Kum. Kasturi et tant d'autres, mais surtout des jeux de pouvoir auxquels se livrait Chari(en savoir plus...)


  • Le témoignage de Cyrille, abhyasi depuis 1977 en France, côté André Poray, jamais affilié à la SRCM de Chari...

  • Le fils du Docteur Varadachari revient sur les reproches de son père à Babuji. Il donne sa propre version de la succession, dans laquelle il se range aux côtés de Chari. Puis il explique ce qui a motivé son départ en 1991 pour créer l'ISRC (en savoir plus...)


  • Un ancien disciple de la SRCM de Shahjahanpur nous parle de son adhésion après la mort de Babuji, de son installation aux USA où il crée un website qui déclenche un procès retentissant entre les 2 SRCM, du climat de peur qui règne autour d'Umesh Chandra Saxena, des moyens démesurés de Chari (en savoir plus...)


  • Navneet Kumar Saxena, petit-fils de Babuji et actuel président de la SRCM de Shahjahanpur revient sur le passé et accuse la SRCM californienne de Chari de tous les maux (en savoir plus...)


  • K.C. Reddy, actuel secrétaire de la SRCM de Shahjahanpur nous livre aussi son témoignagerevient sur le passé et accuse la SRCM californienne de Chari de tous les maux (en savoir plus...)


  • Trois témoignages publiés en Février Mars 2007, le 1er de Ravi sur l'occupation de l'ashram de Shahjahanpur en mars-avril 2006, le second de JM sur la présence de témoins (Kum. Kasturi et Donald Sabourin) au moment de l'écriture de la lettre de nomination de Chari par Babuji, le dernier de 'Old abhyasi' en réaction à celui de JM (en savoir plus...)

  • Témoignages sur le voyage en France de 1982



Le soufisme en Inde :

Sant Mat :

  • Kabir, "The ocean of love", les différents types de maîtres et leurs niveaux spirituels

  • Les livres des maîtres de la Sant Mat, tels Kirpal Singh, Baba Sawan Singh ou Soamiji Maharaj